samedi 7 mars 2009

PROF, la nouvelle revue de propagande du ministre Dupont

PROF, la nouvelle revue de propagande du ministre Dupont

Les enseignants de la Communauté française étaient tout contents. On leur avait annoncé une revue rien que pour eux : PROF.

Les objectifs faisaient rêver :

« Cette nouvelle revue a pour premier objectif de susciter la réflexion et le débat au sein du monde de l’enseignement, tous niveaux et réseaux confondus en Wallonie et à Bruxelles. »

Enfin un débat

Enfin un débat. Dieu sait si les enseignants ont l’impression d’être écartés du débat. Que ce soit pour les programmes, pour les réformes, pour les décrets mixité et autres.

Enfin un ministre qui a le courage de susciter le débat. Enfin un ministre qui se rend compte du manque de qualité de l’enseignement. Enfin un ministre qui veut susciter la réflexion.

Puis voilà la revue.

D’abord, admirons la créativité du titre : PROF. Il fallait y penser. C’est vrai que le titre « enseignons » a déjà été pris. Par quelqu’un qui comprend qu’un verbe d’action qualifie mieux les enseignants qu’une abréviation utilisée souvent avec un sourire par les adolescents. Mais je suppose qu’ils n’ont rien trouvé d’autre…

Ayant appris le libre examinisme, je refuse de me laisser influencer par ce vocable mal choisi. Pour une fois que le ministre tente quelque chose, pour une fois que le ministre propose le dialogue, je l’accepte avec empressement.

D’autant plus qu’il a écrit : « La rédaction vise à donner une information claire et objective sur l’actualité de l’éducation. Elle explique les décisions, décrypte les nouveaux textes, mais fait aussi écho aux recherches les plus pointues et aux réponses apportées par les acteurs de terrain. »

Ce sera donc une revue aussi intéressante que Klasse chez nos voisins du Nord.

« Un incident de parcours » ? Tout de même pas le décret Mixité

Cela commence mal : le rédacteur en chef dans son éditorial parle d’un « incident de parcours » qui « braque les projecteurs de l’actualité sur une couture qui craque ». Je ne peux que supposer qu’il parle du décret mixité, encore que ce serait énorme et peu honnête intellectuellement de comparer le décret à un « incident de parcours ». Mais je ne vois rien d’autre de moins grave.

Des titres accrocheurs au contenu décevant

Heureusement il y a des articles de fond. Sur les échecs des élèves en secondaire et dans le supérieur, sur le Sport à l’école, sur le burnout. Mais les articles sont loin d’être à la hauteur de ce que les titres suscitent comme attente.

Puis, de la publicité. Beaucoup de publicité. Pas de la publicité commerciale, madame Arena reviendrait en courant de son SPF des Pensions pour empêcher cela. Mais n’oublions pas les prochaines élections et je suppose que « décrypter l’information pour les enseignants » veut dire montrer aux enseignants tout ce que l’on fait pour eux.

« On dégonfle la bulle des inscriptions », « Les encadrements différenciés », « Le Cybermedia : plein de PC pour nos élèves », « Le décret Réussite ». Autant en profiter pour dire tout ce que l’on a fait de bien. A quelques mois des élections, c’est utile.

Mais un « décryptage » aurait signalé que les PC en Wallonie arrivent avec des mois de retard, que l’appel d’offres a été passé avant la diminution des prix des PC et l’avènement de PC « minimum ». Ou encore que le décret Mixité a créé plus de problèmes qu’il n’en a (pour l’instant, nous l’espérons) résolus.

Bien sûr il est sympathique de lire les témoignages de collègues, les petits potins. Mais cela se fait aujourd’hui sur un blog ou sur un site Internet.

Des questions alors :

  1. Que comprend le budget de 550.000 € ? 4 personnes, plus quinze personnes dans le « comité d’accompagnement », plus une société pour le graphisme et la mise en page, plus les frais d’impression et d’envoi de 580.000 exemplaires par an… Quels sont les coûts non comptabilisés ?
  2. Pourquoi avoir choisi la version papier ? Pourquoi ne pas laisser au moins le choix entre le papier et le format électronique ?
  3. Pourquoi imposer aux professeurs la réception de ce magazine ? Il serait bien d’insérer une carte réponse dans le prochain magazine pour permettre à ceux qui souhaitent continuer à le recevoir de s’inscrire. On économisera du papier et des frais d’expédition.
  4. Pourquoi ne pas s’être inspiré de ce que font nos voisins du Nord. C’est vrai que la Finlande est plus attirante, mais le professionnalisme de nos voisins du Nord et la qualité de leur site Internet est un exemple à suivre.
  5. Pourquoi ne pas avoir capitalisé sur ce qui existe déjà ? Je pense au site enseignons.be, au site sbpm.be des professeurs de mathématique et à leur revue, ou encore à la liste de discussion profecobel.be des professeurs de sciences économiques.
  6. Pourquoi appliquer une politique de droits d’auteur stricte. Klasse (Communauté flamande) peut être copié sans problème.

Soyons bon prince : le premier numéro est un numéro d’essai. Disons le numéro 0. ce sera mieux la prochaine fois.

Tiens la prochaine fois ce sera en juin. Avant ou après les élections ?

7 commentaires:

Anonyme a dit…

On peut se désabonner de la revue?

Anonyme a dit…

@Louis:
je suppose que l'on peut.

A mon avis, cette revue devrait n'être envoyé que sur demande.

Par exemple, un coupon réponse dans le deuxième numéro.

Au moins seuls ceux que cela intéresse la recevront

Anonyme a dit…

Vivement que les élections soient passées pour revenir aux choses essentielles

CICERON a dit…

Il y de nombreuses matières qui pourraient constituer un anti forum critique l' ANTI-PROF's.

Nous avons tous chers collègues profs des sujets à dénoncer lesquels pourraient constituer un cahier de revendications professionnelles bien au delà de la controverse politique.

Chers collègues nous avons le pouvoir, pas eux là haut dans le chateau du Bld Leopold. Mais nous sommes isolés. Nous nous laissons maneuvrer par cette caste de fonctionnaires inefficace.

Aujourd'hui les structures de la Communauté Française s'académisent dans une inertie dramatique.
D'une certaine manière, le Ministre Dupont l'un des nôtres, doit être aidé.

Nous sommes chaque jour instrumentés pendant que des budgets importants sont consacrés en pure perte au bénéfice du pouvoir d'une nomenklatura que l'un des nôtres pourrait au moins briser s'il était informé correctement.

N'ayons pas peur !

Anonyme a dit…

Hé, M. Echocynique, vous attendiez quoi ? Un Siné Hebdo de la Communauté française ? Cette gazette, c'est de la promo, de la com', pas de la propagande. L'enseignant qui ne veut pas lire « PROF » le fout à la poubelle et ouvre le quotidien qu’il estime l’informer à hauteur de son attente (s’il en trouve, mais c’est un autre problème), point barre.
Pour ce que ça coûte, et les cris d'orfraie par rapport à l’utilisation crassement électoraliste de l’argent public (JDD, tends l’oreille !), tout cela n’est-il pas prévu dans un budget ? Budget voté majorité contre opposition (cf la douche du Cabinet Arena en son temps), dans une enceinte joliment démocratique ?
Reprocher à « PROF » de ne pas casser le décret inscription, c’est s’étonner que le pape soit contre l’usage des préservatifs. Faut pas demander au pouvoir d’organiser son propre contre-pouvoir. Finalement je ne vous trouve pas si cynique que ça, M. Echocynique.

Anonyme a dit…

@Laurent,

Merci pour votre réaction.

Pourquoi au Nord cela se passe-t-il différemment?

Je vous invite à aller faire un petit tour sur le site de Klasse.

Vous verrez toute la différence.

Anonyme a dit…

Salut, c'est VDB. Je viens de prendre connaissance du nouvel accord avec BNP Paribas.

Ma prévision était, une nouvelle fois, correcte. BNP Paribas n'a pas lâché un pouce. Les actionnaires ont reçu des avancées (moins de toxiques, plus d'assurance).

Et le contribuable l'a bien profond là où ça fait mal (puisque l'Etat prend à sa charge toutes les "garanties" -> contre les pertes toxiques de la banque et s'engage à faire une augmentation de capital).

Bref, je suis un visionnaire exceptionnel. Le racket des actionnaires a fonctionné.

L'Etat a beau essayer de dire que ça ne coûte pas grand chose au contribuable, la réalité est que le deal VA coûter (au futur) très cher au contribuable pour plaire aux actionnaires.