samedi 2 janvier 2010

PS: solidaire mais pas pour tous

Les logements sociaux sont pour tous ceux qui en ont besoin.

Les critères sont clairs.

Mis pas pour la "Maison sérésienne" comme nous l'apprend La Libre.

Trois refus, pour une raison illégale. Trois anciens détenus remplissaient toutes les conditions pour obtenir un tel logement. Mais Alain Mathot (PS) soutient que la solidarité à des limites: on ne va tout de même pas aider des anciens détenus.

Ce qui m'étonne c'est que les faits qui les ont amenés à passer un séjour derrière les barreaux sont connues. Il me semblait que ces raisons ne pouvaient être communiquées, mais soit.

Bien sûr les faits (vente de drogue avec récidive, viol de mineur et pédophilie) ne sont pas excusables. Ils n'ont pas été excusés puisqu'ils ont passé quelque temps en prison.

Mais à quoi sert la prison si tout est fait pour les exclure à leur sortie. Le PS clamera à l'envi les dérives du "libéralisme capitaliste" qui fait que certains employeurs renâclent à engager d'anciens détenus. Et en même temps ils refusent ce qui constitue de la solidarité avec des deniers publics.

Où doivent-ils aller alors? Car si l'on considère qu'il est dangereux qu'ils habitent un logement social, il est tout aussi dangereux qu'ils habitent n'importe où ailleurs... sauf en prison.

Nouvelle hypocrisie du PS, du moins d'un de ses élus.

Mais je suppose qu'Elio Di Rupo va le rappeler à l'ordre.

7 commentaires:

alain.mathot@alain-mathot.be a dit…

Suite au débat, ces deux jours derniers dans les médias, soulevé par le fait que la Maison Sérésienne ait demandé le certificat de bonne vie et mœurs aux demandeurs de logements sociaux, je vous envoie cette note que j'avais rédigée, le mois dernier, à destination des membres de mon parti pour alimenter la réflexion sur la situation du logement social aujourd'hui.

Comme vous le lirez dans cette note, il est hors de question de vouloir appliquer la double peine à des personnes qui ont déjà payé leur dette envers la société. La Maison Sérésienne ne s'oppose absolument pas à octroyer un logement à une personne qui est sortie de prison. Elle souhaite seulement héberger ses locataires en connaissance de cause, en protégeant tant la population que la personne à qui elle confie un logement. Si nous devons ajouter une mission de réinsertion sociale post-incarcération, nous n'y sommes pas opposés, mais nous demandons les moyens de le faire et le premier moyen est celui d'être informé !

Je voudrais également ajouter que d'aucuns s'offusquent de cette prise de position, dans des communes affichant vingt logements sociaux par exemple. Avec, en moyenne, un logement social libéré tous les 1 à 2 ans, le risque de voir se créer des ghettos est évidemment limité ! Ce que le MR veut en nous interdisant de demander le certificat de bonnes vies et mœurs, c'est se muer en donneuse de leçon en laissant les problèmes concentrés dans certaines cités. Ce n'est pas là que se trouve son électorat…

A Seraing, un habitant sur cinq est en logement social : fermer les yeux sur la ghettoïsation des cités, c'est poser dans notre ville des bombes à retardement. C'est nuire à l'ensemble de nos habitants, qu'il s'agisse de personnes plus vulnérables ou de personnes qui ont besoin d'être épaulées pour se réinsérer. L'éducation permanente défendue par la gauche, c'est donner un maximum de chances à tous, dans une société où la population évolue dans la mixité.

Enfin, je rappelle que c'est en tant que bourgmestre de Seraing et mandataire socialiste que j'adopte cette position. Je ne touche aucune rémunération d'aucune des trois sociétés de logements de Seraing, je ne siège dans aucun des trois comités d'attribution, mais il est de mon devoir d'assurer la sécurité de l'ensemble de mes concitoyens.

Je vous remercie pour votre attention et profite de cette missive pour vous souhaiter une excellente année 2010. Je reste bien entendu à votre entière disposition pour tout renseignement complémentaire.


Alain Mathot

alain.mathot@alain-mathot.be a dit…

Situation initiale

Les logements sociaux ont été créés afin d'apporter un logement à des personnes qui se trouvent dans des difficultés financières. Ils sont une solution pour concrétiser le droit au logement décent, droit inscrit dans la Constitution belge. Mais ils sont également un moyen, pour ces personnes en situation de précarité, de se réinsérer dans la société active, de se délester du problème matériel que constitue le manque de logement pour focaliser son énergie sur la formation, la recherche d'un emploi, l'insertion dans un nouveau pays,…

Jusqu'il y a peu, les gérants de sociétés de logements sociaux tentaient d'obtenir une mixité sociale au sein de leurs pôles de logements avec une proportion de +- 70 % de personnes éprouvant d'importantes difficultés financières et de +- 30 % de personnes possédant des revenus. Le loyer étant calculé en fonction des revenus des locataires, les locataires à revenus "moyens" payaient donc un loyer proche de celui appliqué dans le privé.

Cette mixité rencontrait deux objectifs :

- l'équilibre financier des sociétés de logements sociaux : le coût économique est là (construction, entretien, etc.) et le fait d'avoir des locataires à revenus plus importants permettait aux sociétés de logements sociaux d'aider le public précarisé avec un loyer très bas, appliquant ainsi un vrai principe de solidarité.
- la mixité sociale : celle-ci permet d'éviter les ghettos tels que ceux créés dans les agglomérations des grandes villes françaises, qui se sont mués en pétaudières.
Changements
Autrefois, un comité d'attribution se voyait remettre les listes de candidats locataires avec un état des lieux de leur situation et décidait à qui octroyer le logement. Dorénavant, aucun membre de ce comité d'attribution ne pouvait plus être mandataire politique. A cette époque, chaque société de logement social possédait sa propre liste de demandeurs.
Aujourd'hui, la liste est unique. Des points sont attribués à partir de critères bien déterminés (composition de ménage, handicap éventuel, etc.) puis les personnes disposant du plus de points sont dispatchées partout en Wallonie. Ainsi, à Seraing désormais, les logements sociaux accueillent par exemple des personnes de Charleroi. Et uniquement des personnes éprouvant de grandes difficultés.
Conséquences
Les sociétés de logements sociaux sont obligées de ne loger que des personnes en situation de grande précarité et ne peuvent donc plus percevoir que des loyers très bas, ce qui met à mal leur situation financière. En outre, elles ne peuvent plus assurer la mixité dans les quartiers, qui se muent en "quartiers défavorisés". Le comité d'attribution (apolitique répétons-le) n'a plus rien à dire et les villes et communes wallonnes possédant de grandes proportions de logements sociaux vont droit vers des difficultés financières, sécuritaires et sociétales.

alain.mathot@alain-mathot.be a dit…

Exemple concret
- La liste soumise par la Société Wallonne du Logement proposait à la Maison Sérésienne, qui possède et gère 3300 logements sur Seraing, trois locataires : une dealeuse récidiviste, un homme ayant été condamné pour viol, et une autre personne ayant purgé une peine pour pédophilie. Le comité d’attribution de la Maison Sérésienne a décidé qu'elle ne voulait pas installer ces personnes dans un quartier où une certaine précarité s'est installée. Elle a jugé que cela équivaudrait à mettre le feu à une poudrière.
- Le représentant de la Société Wallonne du Logement au sein du comité d'attribution possède un droit de recours qu'il a utilisé en invoquant le fait que la société de logements n'avait pas le droit de demander le certificat de bonne vie et mœurs des candidats locataires.
- Le dossier est arrivé à la SWL, qui aurait pu se prononcer sur le fond en tranchant si oui ou non, la société de logement pouvait requérir ce certificat. Ce n'est pas ce que la SWL a fait : elle a tranché en déclarant que la dealeuse, vu son caractère récidiviste, ne pouvait être acceptée parmi les locataires de la Maison sérésienne, mais que la Maison Sérésienne était dans l'obligation de procurer un logement aux deux personnes ayant été condamnés pour viol et pédophilie. On devient fou ! La SWL impose désormais son "casting", un "sens des valeurs" qui dit qu'il vaut mieux être violeur et pédophile que dealer ?!?
- La gérante et le président du comité d'attribution de la Maison sérésienne sont allés s'expliquer à la SWL. C'est là que j'interviens car j'ai décidé de les accompagner dans leur démarche. Je veux rappeler que la Ville de Seraing et son CPAS sont actionnaires à 60 % de la Maison sérésienne, et que, en tant que bourgmestre de la Ville de Seraing, je suis responsable de la sécurité de mes concitoyens. Je veux également préciser que la Maison Sérésienne a toujours été citée comme un exemple de gestion en Wallonie, affichant toujours un bon équilibre financier, une parfaite mixité sociale avec notamment une politique d'intégration des personnes handicapées et un parc immobilier particulièrement bien entretenu.
- Notre première mission est de proposer un logement décent à ceux qui en ont besoin et la Maison sérésienne essaye de la remplir au mieux. Bien sûr, il ne faut pas appliquer de "double peine" à ceux qui ont été condamnés et se sont acquittés de leur dette à l'égard de la société en purgeant leur peine. Mais ces personnes doivent être accompagnées. Si l'on veut que nous remplissions cette mission là, cela ne pose pas de problème mais à condition qu'on nous en donne les moyens afin d'engager des assistants sociaux supplémentaires afin de suivre leur cheminement vers la réinsertion. Cela étant, on ne nous donne déjà pas les moyens de faire une politique de logements sociaux correcte et un projet de construction de nouveaux logements sociaux sur Neupré par la Maison Sérésienne vient d'ailleurs d'être reporté à une échéance inconnue pour la simple et bonne raison que la nouvelle politique d'attribution de logements de la SWL ne nous permet pas d'en amortir financièrement la construction.

alain.mathot@alain-mathot.be a dit…

Réflexion complémentaire

La SWL n'est pas actionnaire des sociétés de logements sociaux, comme je l'ai écrit plus haut ce sont principalement les villes et leurs CPAS qui le sont. La SWL n'a jamais fait que de nous prêter de l'argent à un taux intéressant. C'est une "banque à taux social" qui, aujourd'hui, a décidé d'imposer sa manière de gérer. C'est comme si Dexia prêtait de l'argent à ArcelorMittal et lui dictait sa manière de gérer les hauts-fourneaux !
Que la Société Wallonne du Logement cesse de s'imposer en "donneuse de leçons" complètement écartée de la réalité ! Qu'elle commence par balayer devant sa porte en prenant enfin la mesure des conséquences des règlements qui ont été édifiés à la hâte après des excès constatés dans le chef de certains. Ils ont voulu "assainir" la politique de logement social, ils sont en train de la tuer.
J'écris noir sur blanc ce que beaucoup d'autres bourgmestres et gestionnaires de sociétés de logement disent tout bas, et je sais que cela pourrait faire de moi, dans le chef de ceux qui préfèrent critiquer de leur tour de verre plutôt que de se retrousser les manches, un "rebelle", un de ceux qui voudraient retourner à un système qui a pourtant montré des failles, un "anti-rénovateurs". Ca m'est égal : je n'ai pas été élu pour mon intérêt particulier mais bien pour l'intérêt général, et il est de mon devoir de mandataire de me révolter contre ce dysfonctionnement.
C'est pourquoi je demande aujourd'hui à la SWL de se positionner. Soit elle rachète nos parts dans nos sociétés de logement, soit elle rend le pouvoir à leurs actionnaires de base qui sont les Communes, qui devront bien sûr respecter –comme cela à toujours été fait à la Maison Sérésienne- un principe d'équité dans le traitement de tous les dossiers.



Alain Mathot,
Bourgmestre de Seraing

echocynique a dit…

Un grand merci pour votre réaction.

Je la lirai avec toute l'attention qu'elle mérite

olivier a dit…

Ce qui m'interpelle le plus, outre la réaction d'Alain Mathot qui me parait intéressante, c'est de lire qu'un sérésien sur cinq dépend du logement social.

Comme quoi, cette situation est véritablement catastrophique et demande de gros efforts.

Echocynique a dit…

Exact, Olivier, cela m'a frappé aussi.

Mais c'est une demande que je ferai dans ma réponse à monsieur Mathot: quelle est la proportion des personnes qui payent un loyer modéré.
Si j'ai bien compris sa note, dans un souci de mixité socio économique, des personnes à "revenus" moyens occupent ces logements.

Je réfléchis aux rapport coûts-bénéfices de cette politique. Les avantages sont indéniables: on évite des ghettos, on permet à des personnes qui "ont besoin d'un petit coup de pouce" de le recevoir. Le désavantage est que des personnes plus faibles risquent de ne pas avoir accès à ces logements. Mais si ce que monsieur Mathot affirme est exact (et je n'ai pas de raison de penser l'inverse), Seraing propose suffisamment de logements sociaux pour contrer cette critique.

Bon, je me rends compte que je commence à répondre à monsieur Mathot alors que je voulais le faire à tête reposée et peut-être sous la forme d'un billet.

Merci pour ton commentaire de qualité en tout cas